Pays de Fontainebleau

De Barbizon à Grez sur Loing, sur les traces de Robert Louis Stevenson

Comme dans de nombreux lieux de passage de l’écrivain, des traces de Robert Louis Stevenson subsistaient à Grez sur Loing, gardées précieusement parmi les 500 peintres, écrivains, musiciens qui étaient venus dans la colonie d’artistes de ce village et dont l’association « Artistes du Bout du Monde », fondée par Claire Leray, gardait la mémoire. En 2013, ces souvenirs retrouvaient une présence plus forte avec la création d’une association qui prenait le nom de « Robert Louis Stevenson, de Barbizon à Grez », association dont le siège est à Recloses, un village sur le chemin de forêt de Barbizon à Grez.

Depuis maintenant 10 années, cette association cofondatrice du réseau européen, développe de nombreuses activités dont des randonnées :

• Création d’un chemin relaient les villages parcourus par Stevenson, de Grez à Moret, de Moret à Fontainebleau, de Fontainebleau à Barbizon et retour à Grez par Recloses et Franchard
• Ouverture d’un second itinéraire vers Chatillon sur Loire , puis maintenant vers Nevers, en attendant de rejoindre les Cévennes
• Tous les étés, depuis la crise sanitaire, chaque semaine de petites randonnées découvertes
• Et, nouveauté de 2023, 4 randonnées littéraires à l’orée de chaque changement de saison

Mais Stevenson n’est pas que le marcheur voyageur, alors l’association propose d’autres activités :

• Des chasses au trésor pour les enfants et les familles,
• La création d’un rosier « Stevenson », à planter sur les chemins et dans les villages
• Des lectures et des rencontres avec des auteurs, spécialistes de cet écrivain
• La restauration de périssoires
• Des conférences sur l’écrivain et son œuvre
• Un site internet et des gazettes régulières pour les adhérents
• La diffusion d’ouvrages de Robert Louis Stevenson
• La création en 2023 d’un cercle de lectures : lire Stevenson à haute voix

En lien avec Robert Louis Stevenson

Venir à Grez sur Loing

En avril 1875, à 25 ans, lorsque Robert Louis Stevenson vient pour la première fois dans le pays de Fontainebleau, ce n’est pas son premier voyage hors du Royaume- uni. Dès l’âge de 13 ans, il accompagnait ses parents ou sa mère sur la Côte d’Azur, en Allemagne, en Italie ou en Belgique en quête d’un air meilleur pour la santé de la mère et de l’enfant. Il n’est pas encore l’écrivain bien connu mais a beaucoup écrit et surtout il a renoncé à devenir un ingénieur, constructeur de phares, comme son père, ou avocat, malgré ses études de droit. Il rejoint son cousin Bob à Paris et découvre le quartier latin et la bohème parisienne.

De Paris à Fontainebleau, puis à l’auberge Siron – aujourd’hui l’Hôtel du Bas-Bréau-, il accompli le chemin de bien des peintres et artistes qui se retrouvent dans ces auberges pour peindre sur le motif. De Barbizon, il suffit de traverser la forêt de Fontainebleau pour atteindre le village de Grez sur Loing, la pension Chevillon, colonie d’artistes, et surtout les bords du Loing, Eh oui, il y a de l’eau à Grez sur Loing !

Les jeunes années de l’écriture

Pendant ces cinq années, Stevenson poursuit l’écriture d’articles préludes aux essais à venir comme « An appeal to the Clergy of the Church of Scotland » » publié dans le Cornhill Magazine en mai 1876, ou « On the enjoyment of Unpleasant Places » ou encore « l’apologie de l’oisiveté ». La forêt de Fontainebleau va être pour lui une grande source d’inspiration pendant cette période. Ces articles regroupés dans une édition bilingue : « La forêt au trésor » édité par Pôles d’images en 2003, commencent par un éloge de la forêt : « Le charme de Fontainebleau est un phénomène sans pareil. C’est un lieu qu’on aime plus que l’on ne l’admire… l’endroit est source de santé : l’air, la lumière, les parfums et les formes s’y combinent en une heureuse harmonie. »

Les premiers textes connus vont rapidement suivre, le plus souvent à la suite de voyages. Ce sera le cas d’ « Inland voyage » ( Croisière à l’intérieur des terres), puis de « Voyage avec un âne dans les Cévennes ». Les grandes œuvres comme « l’Ile au trésor » et « L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde » sont alors en gestation.

Fanny, l’amour d’une courte vie.

Fanny Osbourne a quitté San Francisco, pour étudier le dessin en Belgique, avec ses trois enfants, Isobel, Loyd et le petit Harvey, mais surtout pour s’éloigner d’un mari dont elle ne supporte plus le goût de l’aventure. Elle vient à Paris où les femmes sont acceptées dans les académies de peinture. Harvey décède dans d’affreuses souffrances. Épuisée, à bout de forces, elle suit les recommandations d’amis et de médecin qui lui conseillent de venir à Grez. Stevenson s’éprend de cette femme, mariée, mère de famille et de 10 ans son aînée. Le couple se retrouve en 1877 et 1878 à Grez et à Paris. Cette dernière année Fanny retourne à San Francisco pour négocier son divorce. Stevenson pense qu’il ne reverra pas, il s’engage dans un voyage dans les Cévennes, puis part aux Etats-Unis et en 1880, Fanny et Robert se marient, partent à Davos. Ils repasseront en 1881 par la France, puis ce seront les grands voyages vers les Îles du Pacifique, l’installation à Samoa jusqu’au décès de l’écrivain en 1894.

Le temps de nouveaux voyages.

Plusieurs voyages rythment la présence de Stevenson dans le pays de Fontainebleau. Fin juillet 1875, Stevenson est dans le pays de Fontainebleau avec Walter Simpson, les deux décident d’aller marcher vers les bords de Loire, le long du Loing. Arrivé à Chatillon sur Loire, il est soupçonné d’être un espion prussien et passe alors quelques heures à la gendarmerie. L’arrivée de Simpson permet de lever le quiproquo et de libérer l’écrivain. Il y a surtout, le grand voyage en canoë avec son ami Walter Simpson, d’Anvers à Pontoise où les deux embarcations appelées La Cigarette et l’Aréthuse arrivent le 16 septembre 1876. De Pontoise, les deux amis prennent le train pour Grez sur Loing où Stevenson retrouve Fanny. Ce périple donnera ensuite naissance à « Inland voyage ».
Le voyage le plus connu reste celui engagé vers les Cévennes. Le 15 août 1878, Fanny repart retrouver son mari. Stevenson ne supporte pas la séparation. Il part pour Monastier dans les Cévennes, et se lance avec l’ânesse Modestine vers Saint Jean du Gard qu’il atteint le 3 octobre. Il revend Modestine et retourne en Angleterre. Début août 1879, il rejoint Fanny à San Francisco et s’installe avec elle à Monterey.